Philippe Alcoy
Source: CCR du NPA
Le journal britannique The Guardian a révélé
mercredi 29 avril qu’un employé de l’ONU, le suédois Anders Kompass, a
été suspendu de ses fonctions la semaine dernière pour avoir envoyé aux
autorités françaises un rapport interne secret concernant des abus
sexuels sur des mineurs en Centrafrique de la part de soldats français.
Les faits se
seraient produits dans un camp de réfugiés dans la capitale
centrafricaine, Bangui, entre décembre 2013 et juin 2014. Selon The
Guardian, on trouve dans le rapport des témoignages d’enfants abusés,
l’un d’entre eux n’a que 9 ans. Certains affirment avoir dû avoir des
rapports sexuels avec les soldats français en échange d’argent ou de
nourriture, d’autres déclarent avoir été violés par les soldats. Il n’y
a aucun doute que ces cas révélés ne sont qu’une infime minorité de
tous les cas d’abus sexuels dont sont victimes les mineurs de la part de
troupes étrangères dans le pays.
Anders Kompass déclare avoir envoyé le rapport aux
autorités françaises face à l’inaction de l’ONU. Sa suspension
postérieure, au-delà du prétexte sur la violation des procédures, montre
l’hypocrisie de l’ONU et son rôle néfaste dans la dissimulation des
crimes des troupes des armées impérialistes et d’occupation dans
différents pays à travers la planète.
Une conséquence directe de la politique guerrière de la France
Mais
ce scandale ne relève pas simplement d’actes isolés de soldats
individuels mais de la conséquence directe d’une politique guerrière de
l’impérialisme français qui s’est accéléré avec la crise économique
mondiale et l’éclatement des processus de révolutions arabes. Sur ce
point la politique aussi bien de Sarkozy, qui a conduit l’intervention
impérialiste en Libye, que celle de Hollande, qui depuis qu’il est
arrivé au pouvoir est intervenu militairement au Mali, en Centrafrique
et en Syrie, ne diffèrent pas d’un poil.
Cette politique militariste de la France n’est pas
près de s’arrêter. Au contraire, c’est une nécessité pour le capitalisme
français que d’assurer sa domination géopolitique et économique sur les
territoires qu’il considère traditionnellement comme son
« arrière-cour », c’est-à-dire l’Afrique du Nord et de l’Ouest.
L’exploitation de la main d’œuvre bon marché, de nouvelles sources de
matières premières non encore exploitées et même l’obtention de nouveaux
contrats pour ses multinationales comme cela a été le cas en Libye pour
Total, sont des éléments fondamentaux pour l’impérialisme français
notamment dans un contexte de crise économique mondiale.
L’ironie du destin a fait qu’au moment où l’on
révélait le scandale d’abus sexuels compromettant des soldats français,
Hollande annonçait une augmentation de 3,8 milliards d’euros pour le
budget de la Défense d’ici 2019. Et cela à un moment où l’on coupe le
budget de la santé, de l’éducation et que l’on privatise des services
publics fondamentaux pour la population.
Les puissances impérialistes centrales comptent avec
le soutien et la collaboration de l’ONU pour camoufler sous
l’appellation de « mission humanitaire » les vraies intentions de leurs
interventions militaires : contrôler des aires entières de la planète
pour garantir les profits de leurs multinationales. Pour ce faire, peu
leur importe de violer les droits les plus élémentaires des populations
locales. Ce scandale d’abus sexuel dissimulé par l’ONU n’est qu’une
preuve de plus de l’arrogance et de l’impunité de ces puissances.
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